Alors que l’on pensait compris le message sur le climat, le besoin de protéger nos forêts, Les années 2016-2017- 2018-2019 ont été les pires de l’histoire humaine pour la déforestation des forêts tropicales. Et les chiffres définitifs pour 2020…. seront catastrophiques, conséquence notamment de l’élection de Bolsonaro à la tête du Brésil. Actuellement l’équivalent d’un terrain de football de forêt tropicale disparaît toutes les six secondes. On passe chaque année la barre des 13 millions d’hectares de forêt tropicale détruite. L’équivalent du 1⁄4 de la France.
Les forêts tropicales sont le plus important berceau de la biodiversité, elles participent à générer les pluies en créant des « rivières aériennes », produisent une grande partie de l’oxygène que nous respirons, absorbent le CO2,…. elles devraient toutes être considérées comme des trésors planétaires et inscrites au patrimoine mondial de l’humanité.
En attendant de pouvoir endiguer cette déforestation galopante, il faut planter un maximum d’arbres partout où cela est possible afin de protéger nos forêts. En France nous gagnons entre 60 et 110 milliers d’hectares par an. Mais tout ce que l’on plantera en Europe et ailleurs ne compensera pas, en terme de biodiversité, et d’efficacité sur le climat, ce que l’on perd dans les régions tropicales. La déforestation n’a pas non plus le même impact suivant où elle a lieu. Explication : Couper des forêts en milieu tempéré (France par exemple) est moins grave que dans les tropiques, car chez nous la terre est grasse sur plusieurs mètres de profondeur ; c’est bien pour cela que les chênes par exemple s’ancrent à plusieurs mètres sous terre. Si on coupe des forêts, le terrain, même s’il subit une érosion, permettra une replantation ultérieure. Dans les tropiques, en Amazonie et ailleurs, les arbres, si grands soient-ils, n’ont pas de racines plus profondes qu’un mètre, tout simplement parce que le sol est trop pauvre, et que tout l’humus accumulé en surface est aussitôt ré-absorbé par le milieu. Les arbres sont obligés de faire de longues racines horizontales pour tenir, et chaque arbre s’appuie un peu sur son voisin. Alors quand on rase une forêt tropicale sur une grande surface, la faible épaisseur de bonne terre est érodée en un rien de temps par les pluies, et rien ne repousse plus qu’un peu d’herbe à vaches ou des monocultures qui vont finir d’appauvrir le sol, comme des palmiers à huile ou des plantes à Colza.
En tournant des images en Afrique, en Amazonie, en Indonésie, Papouasie, on comprend la nécessité de concentrer les efforts de police sur le trafic illégal. Ce trafic pénalise les potentiels exploitants forestiers vertueux, et ne s’embarrasse pas de gestion durable. Les pratiques sont intolérables ; Certaines entreprises chinoises enterrent au buldozer des gigantesques grumes, avant le passage des contrôleurs, pour montrer qu’ils respectent le quota : une partie de ce bois enterré est perdu. Ailleurs des entreprises malaises utilisent les services d’experts qui maquillent la provenance du bois ; Quand ce ne sont pas des ministres africains corrompus qui font passer des millions de tonnes de Kevazingo – un arbre interdit à la vente parce que rare et sacré pour les communautés locales – pour de l’Okoumé – un arbre autorisé à la coupe -, afin de mieux écouler des stocks de contrebande.
Alors faut-il arrêter d’acheter du bois tropical ? Le paradoxe est souligné par Francis Hallé lui-même : si on arrête d’acheter du bois tropical, des millions d’hectares deviendront économiquement morts pour les gouvernements qui les possèdent. Ils seront donc tentés de tout raser, pour y faire pousser des cultures rentables, palmiers à huile, colza, herbe à vaches….plutôt que de protéger nos forêts…
La solution intermédiaire pou protéger nos forêts, en attendant mieux, est de n’acheter que du bois labellisé. Francis Hallé peste contre tous les labels dont il dit qu’aucun n’est pour le moment idéal ou vraiment indépendant. A ce jour, le moins pire des labels est le « FSC 100% », il est donc important de regarder les étiquettes quand vous achetez du bois tropical. C’est le moins que l’on puisse faire pour soulager à notre niveau les forêts tropicales.